Album : A la santé de la terre
Poème de Christophe Fischer
Nous étions cinq marins
Sur un rafiot panaméen
Ayant quitté la Birmanie
Pour gagner quelques roupies
Plus de pêche à la crevette
Trop peu rentable pour nos dettes
Et l’on préfère ce pétrolier
A nos chaluts tous rapiécés
Sa simple coque en acier
Nous a-t-on dit qu’elle est blindée
Pas de quoi avoir la trouille
De quatre ou cinq taches de rouille
Nous voilà en mer d’Islande
Que des grandes vagues pourfendent
Prêts à lutter contre la houle
Avec cinq mille tonnes de fioul
Et redouble la tempête
Les lames cognent dans nos têtes
Quand tout à coup v’là qu’se débine
Le vilebrequin de la machine
Mais le moteur de secours
Il a claqué voilà dix jours
Pas moyen de nous remorquer
Dans cette mer déchaînée
Le capitaine dit alors
Préparez-vous à quitter le bord
Et du canot qui nous emmène
On entend geindre la carène
Pardon la mer et les rochers
Pardon aux oiseaux mazoutés
D’avoir quitté la Birmanie
Pour gagner quelques roupies