Un être de lumière
Au cœur illuminé
Parcourait terre entière
Depuis l’éternité.
Lorsque sur son chemin
Un moine, un érudit
Lui demanda combien,
Combien de jours, combien de vies
Me reste-t-il à vivre
Pour atteindre la lumière
Moi qui ai lu tant de livres
Et réciter tant de prières
Alors le sage en fermant les yeux
Sondait l’oracle là-haut avec les cieux
Et lui dit après un long silence
Toi l’érudit, maître des sciences
Tu reviendras autant de fois
Que les dix mille feuilles de cet arbre…
Pourquoi encore tant de fois
S’écrie l’érudit en colère
Moi qui connais par cœur les lois
Et les secrets de l’univers
Moi qui ai toujours respecté
Les offrandes et les préceptes
Rama et ses divinités
La vie de moine, la vie d’adepte !
Mais l’être de lumière
Etait déjà parti
Là-bas vers d’autres terres
Vers de nouveaux pays
Lorsque sur son chemin
Il vit tête baissée
Une bêche à la main
Un paysan lui demander
Combien de fois encore
Dois-je venir sur terre
Combien de vies, de morts
Pour atteindre la lumière ?
Alors le sage en fermant les yeux
Sondait l’oracle là-haut avec les cieux
Et lui dit après un long silence
O paysan, maître des semences
Tu reviendras autant de fois
Que les milliards de feuilles de cet arbre…
Sans dire un mot le paysan
Sourit à l’être de lumière
Reprit sa bêche humblement
Heureux de retourner la terre
Heureux de sentir sous ses pieds
La source infinie de l’instant
Milliards de vies, milliards d’années
Il est ici et maintenant…
Soudain de gros nuages noirs
Soudain se lève la tempête
Et souffle le vent jusqu’au soir
Et l’homme alors leva la tête
Il vit l’arbre aux milliards de feuilles
Toutes emportées par le vent…