Album : A la santé de la terre

              Poème de Mireille Huber-Deléage

Ils sont venus le soir, les yeux remplis de haine,
Mettre sur ses volets le signe du maudit.
La rue était déserte et la nuit incertaine :
Vous n’étiez pas d’accord mais vous n’avez rien dit.

Ils ont pris tous ses biens, saccagé sa demeure
Plus tard, ils l’ont tuée sans qu’on le défendît ;
Pour résister un peu, ce n’était jamais l’heure :
Vous n’étiez pas d’accord mais vous n’avez rien dit.

Ils ont brûlé son corps et craché sur la cendre,
Ils avaient le pouvoir et jetaient l’interdit ;
Vous auriez encor pu crier pour le défendre :
Vous n’étiez pas d’accord mais vous n’avez rien dit.

Ils sont venus le soir frapper à votre porte,
Ils avaient des fusils, des yeux de charognards ;
Ils vous ont commandé de leur prêter main-forte :
Vous n’étiez pas d’accord mais il était trop tard.